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Qu'une région ne fasse pas la une des journaux métropolitains français ne signifie pas qu'elle soit suspendue dans le temps, loin des rivalités de pouvoir et de la (re)configuration des institutions de coopération transnationale. Il n'y a plus d'espaces invisibles dans le monde. L'Océanie en est le meilleur exemple. Des efforts de séduction à l'égard de ses treize États souverains sont faits comme jamais auparavant. Ces États se réorganisent en de nouvelles entités. Ils ont plus d'interactions avec leurs voisins asiatiques et continuent à se repositionner par rapport au reste du monde. Bref, ils sont importants. Il n'y a aucun rapport entre le poids des États du Pacifique au sein des Nations Unies et leur démographie. Il ne faut donc pas sous-estimer leur attractivité, leur capacité d'adaptation à la réorganisation du monde et leur volonté de ne pas les négliger. Signe de leur importance et de leur capacité à faire reconnaître leur identité spécifique, en 2011 à New York, le groupe de pays auquel ils appartiennent a été nommé "Asie-Pacifique" au lieu de "Asie".

Le Pacifique participe à l'économie générale des organisations internationales et en tire des avantages financiers substantiels, les Etats insulaires étant les plus soutenus au monde par habitant. Ainsi, la Corée du Sud a créé un fonds de coopération avec le Forum des îles du Pacifique (RPCF) d'un million de dollars par an de 2013 à 2016. Ce macromultilatéralisme s'accompagne d'une présence accrue des États du Pacifique dans plusieurs institutions internationales. Ces réseaux sont efficacement mobilisés (ex. : Alliance des petits États insulaires) et se densifient tandis que le multilatéralisme régional tripartite se renforce (Sommet des chefs d'exécutif pour la Micronésie occidentale, 2003 ; Melanesian Spearhead Group, 1988 ; Polynesian Leaders Group, 2012). Cette tendance montre combien le multilatéralisme du Pacifique tend à se fondre dans des identités étroites (Micronésie, Mélanésie, Polynésie) en même temps qu'il institutionnalise ses relations avec le reste du monde. Toutefois, ces mouvements vers l'extérieur font l'objet de débats et de controverses. Les Fidji se montrent les plus agressives à ce sujet, mais leurs voisins pensent de la même manière. En refusant que l'Australie et la Nouvelle-Zélande soient impliquées dans les institutions du Pacifique, la Suva conteste l'ordre établi après la Seconde Guerre mondiale ou, au moins, après le début des années 70 et la naissance du Forum des îles du Pacifique. Pourtant, la réorganisation de l'architecture régionale n'a pas pu être le seul résultat du (dés)accord entre l'Australie et Fidji. La plupart des défis de cette région (qu'ils soient climatiques, économiques, migratoires ou sanitaires) ne se soucient pas moins du statut juridictionnel des territoires insulaires. C'est l'occasion pour l'Union européenne, pour la France, mais aussi pour la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis-et-Futuna d'appartenir pleinement à cette région, quel que soit leur avenir institutionnel.




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